admin/ septembre 2, 2021/ Témoignage etudiant

Orthophonistes africains et chers devanciers, je vous salue.

 Je suis OUSSOU KOUAKOU GERARD, étudiant en Licence Professionnelle d’Orthophonie (L 3) à la Faculté de Médecine de l’Université Alassane OUATTARA de Bouaké (République de Côte)

Cette première promotion de la Licence Professionnelle d’Orthophonie est composée d’étudiants de profils différents (Certains avec une formation de base : en Linguistique, en droit, en Psychologie, en gestion commerciale, ou doctorant et d’autres des éducateurs spécialisés, sages-femmes et des enseignants).

En ce qui me concerne, je suis professeur certifié des Arts Plastiques intervenant dans un établissement secondaire public (Lycée Moderne)  de Toumodi, une ville du Centre du pays situé  à 30 Km de Yamoussoukro (Capitale politique de la Côte d’Ivoire).

Motivation pour l’orthophonie :

Mon désir de faire des études en faculté de médecine, après l’obtention d’un BAC D, a été freinée par l’âge : il fallait avoir 22 ans au maximum pour y accéder alors que j’en avais 23. Du coup, je ne remplissais pas les conditions pour la médecine. J’ai donc été orienté en 2004 au département des Arts à l’université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan d’où je suis sorti avec une Licence d’Enseignement des Arts Plastiques 3 ans près. J’ai été reçu au concours d’entrée au CFPAC (Centre de Formation Pédagogique pour les Arts et la Culturelle) à l’INSAAC (Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle) pour une formation de 2 ans. Cette formation s’est soldée par l’obtention d’un CAPEAS (Certificat d’Aptitudes Pédagogiques pour l’Enseignement des Arts au Secondaire), équivalent du CAPES, diplôme des enseignants du second cycle. Devenu donc professeur certifié des Arts (promotion 2007-2009), j’ai été affecté au Lycée Moderne de Toumodi où j’exerce depuis 2010 jusqu’à ce jour.

Par ailleurs, il faut souligner que ma volonté de faire des études dans le domaine médical n’avait pas disparue. Et lorsque j’ai eu l’information relative au test de recrutement pour le programme de formation en Licence Professionnelle  d’Orthophonie, je n’ai pas hésité à postuler.

Aujourd’hui, me voilà en Licence 3 avec beaucoup de plaisir et une saine fierté. A défaut d’être médecin, comme je l’avais voulu au départ, je serai au moins orthophoniste après un détour en arts, c’est bon à prendre et cela fait deux cordes à mon arc. C’est avec beaucoup de passion et d’engagement que je progresse dans cette formation malgré quelques difficultés rencontrées, ce qui est dans l’ordre normal des choses, et que j’arrive tant bien que mal à les surmonter pour avancer grâce à ma motivation intrinsèque, à l’entraide entre condisciples au sein du REOCI (Réseau des Etudiants en Orthophonie de Côte d’Ivoire), l’association des étudiants, et surtout à l’aide, conseils et encouragements de nos formateurs (Orthophonistes et Enseignants d’Universités) ainsi que le soutien de l’équipe pédagogique et de l’APOCI (Association des Professionnels Orthophonistes de Côte d’Ivoire) à qui je voudrais témoigner ma gratitude.

Le déroulement de la formation :

Concernant la formation, il faut souligner que les cours se déroulent dans une ambiance conviviale mais rigoureuse avec assez d’interactions fructueuses. La plupart des cours théoriques des modules se font en présentiel et d’autres en visioconférence du fait que les spécialistes de ces modules sont à l’extérieur du pays. En revanche, tous les TD (Travaux Dirigés) sont effectués en présentiel. Il faut toutefois rappeler que les cours concernant les disciplines générales sont dispensés par les professeurs d’universités selon leur spécialité et les matières purement techniques par les orthophonistes professionnels locaux, membres de l’APOCI et d’autres venus de l’extérieur (France, Burkina Faso, Congo Kinshasa, Cameroun…). Il s’agit d’une formation qui alterne les cours théoriques, les TD, les stages pratiques en établissement scolaire, en milieu hospitalier et surtout en cabinet d’orthophonie.

Ce que j’aime dans l’orthophonie :

C’est le faite d’être capable de  contribuer à l’amélioration de la qualité de vie de mes semblables, (guidance et accompagnement des parents d’enfants avec handicap ou confrontés à des troubles de langage et/ou de communication, aider les patients à accroître leurs compétences langagières ou de communication) ; en un mot être utile à sa communauté de façon pragmatique. Le fait d’avoir les aptitudes techniques et professionnelles permettant, par exemple d’expliquer et de faire comprendre aux parents et même à certains professionnels de santé, le processus d’acquisition et du développement du langage normal de l’enfant, les facteurs susceptibles de l’entraver et la stratégie pouvant être mise en œuvre par l’orthophoniste pour y faire face en cas de dysfonctionnement est, pour moi, quelque chose d’excitant, de génial, de magique…

A propos de mes projets futurs :

J’envisage créer mon cabinet et m’installer à Yamoussoukro après environ 2 ans de stage de perfectionnement auprès des orthophonistes professionnels et également en milieu hospitalier. Je projette la création, plus tard, d’un centre pluridisciplinaire avec plusieurs spécialistes (Pédopsychiatre, Neurologue, Psychologue, Psychomotricien et Educateurs spécialisés). J’ai également en projet de faire des formations complémentaires pouvant me permettre de devenir formateur à l’école d’orthophonie de Côte d’Ivoire.

Pour la promotion de l’orthophonie en Côte d’Ivoire :

Faire connaitre et promouvoir l’orthophonie en Côte d’Ivoire et partout en Afrique doit être un challenge pour chacun de nous, orthophoniste et futur orthophoniste.  En ce qui me concerne, j’ai en projet la réalisation de plaquettes d’informations (dépliants, flyers, posters…) relatives à la profession d’orthophonie et destinées au corps médical, aux ONG des domaines médicale et social. J’envisage entreprendre des actions de d’informations et de sensibilisation à l’endroit des sages-femmes et des institutrices des écoles maternelles dans le District de Yamoussoukro et périphéries, et plus tard les étendre à d’autres localités. Par ailleurs, je serai à l’affût de rassemblements de parents et enfants lors des fêtes (Arbre de Noël, fête de fin d’année dans les écoles maternelles) afin de profiter de l’occasion, en accord avec les organisateurs pour informer les parents de l’existence et du rôle de l’orthophonie, et pour les former à la reconnaissance des signes d’appel des troubles de langage et de la communication.

Je vous avoue que le simple fait d’être compté parmi les étudiants de la première promotion de la Licence Professionnelle d’Orthophonie, initiée en Côte d’Ivoire, depuis janvier 2019 m’enchante énormément. Que les initiateurs en soient vivement remerciés !

Espérant que je ne vous ai pas ennuyé avec ces quelques lignes mais au contraire, qu’elles apporteront une modeste contribution à la Journée Africaine de l’Orthophonie de cette année 2021, je souhaite plein succès à cette célébration.

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