admin/ septembre 2, 2021/ Témoignage orthophoniste

Andréa NDOUNA DEPENAUD, orthophoniste au Gabon

Je m’appelle Andréa NDOUNA DEPENAUD, je suis orthophoniste gabonaise, diplômée en 1992 de l’école d’orthophonie de La Pitié- Salpêtrière, Paris IV. Auparavant j’ai fait des études de Psychologie Clinique à Marie Haps Bruxelles. J’exerce depuis 1993 au Gabon en libéral et dans les CHU de Libreville. J‘interviens aussi dans des écoles. Etant passionnée par la neurologie, j’ai toujours privilégié cette patientèle, j’ai travaillé pendant 10 ans dans un service de neurologie avec intervention en réanimation.
Actuellement je suis
affectée au CHUO où je reçois une patientèle adulte (Neuro et Orl), et en libéral je reçois les enfants. J’essaie aussi de mettre en place une unité maternelle spécialisée pour jeunes enfants autistes. J’exerce depuis 28 ans, je fais beaucoup de sensibilisation, de journées d’information, des formations aux enseignants, staff aux internes etc.. . mais j’ai l’impression que l’orthophonie reste toujours méconnue. Les gens ne s’y intéressent que lorsqu’ ils sont confrontés à un problème relevant de notre compétence. Par ailleurs, le fait d’avoir mis en lumière l’autisme et de célébrer grandement la journée mondiale de l’autisme depuis 2012, beaucoup pensent que l’orthophoniste ne s’occupe que des enfants autistes ou présentant un trouble cognitif.
Les difficultés rencontrées dans la pratique quotidienne sont nombreuses, mais les plus importantes sont l’aspect financier (quelle que soit la formule les gens trouvent que c’est cher) et la difficulté à s’investir dans la rééducation et à tenir dans le temps. Beaucoup pensent que la rééducation orthophonique est curative comme le médicament au bout d’un délai court et se découragent très vite. Ils espèrent un retour à la normal (pas évident), ne comprennent pas qu’ils doivent s’investir et travailler à la maison. L’autre difficulté de notre côté cette fois c’est le fait que les orthophonistes sont encore peu nombreux dans le pays, et surtout dans le secteur public où les patients bénéficient d’une assurance maladie nationale; il y a donc des listes d’attente très longues, tout le monde ne peut être suivi, et le nombre de séance est limité dans le temps pour libérer les places. La reconnaissance de la profession ici s’est faite quelques temps après mon arrivée, le corps des orthophonistes existe dans le secteur de la santé, les actes sont reconnus etc… mais cette reconnaissance s’est faite sur la base d’un diplôme en 3 ans, ce qui exclut les master2. Personnellement étant une des pionnières en orthophonie et ayant milité pour cette reconnaissance, je ne suis pas inscrite dans ce corps. Un travail reste à faire à ce niveau.
Au Gabon nous n’avons pas encore notre association des orthophonistes, le projet est en cours, et personnellement j‘ai été intégrée à ma grande joie il n’y a pas longtemps dans Ie groupe de la FOAF que je félicite vraiment. C’est une occasion énorme d’échanges entre pays, des ponts qui se tissent, et les patients qui changent de pays peuvent être plus facilement pris en compte. Les attentes seraient peut être au niveau d’un partage des sujets de recherche ou thèmes de mémoire. Nous n’avons pas encore d’écoles ici pour en proposer aux étudiants.
Mes projets Personnels
qui seront mis en œuvre une fois la relève rentrée (14 étudiants en formation au Maroc), sont la conception étalonnée d’une épreuve de dénomination adaptée à notre contexte. J’utilise déjà un imagier local avec des éléments de notre quotidien) et
d’une épreuve
de mémoire adaptée elle aussi à nos réalités.

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