admin/ septembre 2, 2021/ Témoignage orthophoniste

Alioune GUEYE, orthophoniste à Dakar au Sénégal

La journée africaine de l’orthophonie de 2021, coïncidant avec mes 70 ans dont 32 ans de pratique clinique clinique m’a décidé à commencer de faire le point d’un parcours et d’une vision. Le Thème : Orthophonie en Afrique, état des lieux et perspectives m’a semblé aussi être un bon prétexte pour parler de l’orthophonie en Afrique francophone d’hier à aujourd’hui et d’entrevoir la discipline pour demain.

Hier : Les précurseurs européens

C’était autour des années 1984 – 1985, je les revois encore Mesdames Christiane DIAINE de l’Institut Technique de Réadaptation de Lyon (ISTR) aujourd’hui, Mme RUTMULER à la clinique Internationale de Dakar qui ont parcouru Dakar et Abidjan suivant leur mari dans le cadre de la coopération technique universitaire Pratiquant et parlant d’orthophonie. Au Sénégal surtout Mme DIAINE tout en appuyant bénévolement le Centre Verbo Tonal de Dakar (pour Déficients auditifs) favorisa l’envoi en formation à l’ITR de Lyon d’un étudiant (Septembre 1985) pour une durée de 3 ans (première génération en France). Le ministère de l’éducation nationale du Sénégal fit la requête auprès des Autorités Académiques et Administratives de l’UER de l’ITR de Lyon parmi lesquelles les professeurs Michel EYSSETTE et Alain MORGAN qui indiquèrent des tests à Dakar.

1989 – le premier orthophoniste africain revenu de Lyon s’est lancé dans la clinique et le playdoyer pour cette profession nouvelle au Sénégal et en Afrique de Ouest avec un mode d’exercice mixte. Les besoins venaient aussi des pays limitrophes comme le Mali, la Guinée, la Mauritanie. Les journées mondiales (bégaiement, autisme, audition, etc.), les émissions de santé des radios au plan local et international, les programme d’activités des associations comme enfants sourds du monde/Sénégal, spécial Olympic, Réseau Autisme Sénégal, Actions Contre le bégaiement au Burkina Faso, des ONG comme ODM première mission au Sénégal, en 1997 avec Murielle Bessis orthophoniste à Paris étaient des opportunités pour promouvoir l’orthophonie en Afrique Francophone.

Aujourd’hui : des Repères

1997, (les premières missions de contact et de travail des partenaires (Togo).

Septembre 2002, début de la formation des premiers orthophonistes africains, formés sur le sol africain grâce à l’ENAM du Togo et les partenaires techniques comme ODM et HI.

2006, Une repère importante, qui voit l’arrivée sur le marché du travail des premiers orthophonistes francophones, qui depuis chacun et chacune dans son territoire ne cessent     de  renforcer le playdoyer de la pénétration de l’orthophonie, parmi les professionnels de la santé, mais aussi de mutualiser leur force à travers des organisations professionnelles.

  • Ce dernier engagement a abouti en Juillet 2016, à la naissance de la Fédération des Organisations d’Orthophonistes d’Afrique Francophone (FOAF) un instrument indispensable qui s’est fixé des missions comme :
    • «œuvrer pour la reconnaissance de la profession et son enracinement en Afrique»
    • «œuvrer pour l’Harmonisation des normes et pour la qualité des pratiques en orthophonie»
    • «favoriser les échanges scientifiques et promouvoir la recherche dans les domaines d l’orthophonie, etc.»

Et depuis la FOAF s’est lancée avec succès dans les activités, avec des moments phares comme l’organisation du 1er Congrès Scientifique International les 20 – 21 – 22 Août 2018 au Togo, la participation aux rendez-vous Internationaux de l’orthophonie francophone, la veille alerte sur la formation initiale et continue.

Demain : Un rêve

  • Celui d’une fédération, forte interlocutrice privilégiée partout en Afrique Francophone des Autorités Publiques et Privées, des partenaires.
  • Celui d’une fédération proactive dans la construction des conditions d’un exercice professionnel moderne, ancré dans les territoires, adapté aux besoins et au contexte africain.
  • Un rêve d’une orthophonie essaimant dans tous les pays avec des initiatives encouragées accompagnées et encadrée par la FOAF.
  • Une orthophonie s’exerçant sous tous les modes pour répondre à la problématique de l’emploi et de l’employabilité pour une Afrique émergente et présente, parmi les autres professions médicales et paramédicales.
  • Une orthophonie reconnue et connue par les populations à travers des campagnes d’information de formation de prévention, des opportunités d’interventions précoces.
  • Je rêve d’une orthophonie francophone gagnante, privilégiée dans les politiques sanitaires de nos pays.
  • D’une orthophonie intégrée et solidaire du Nord au Sud, d’Est en Ouest pour l’Afrique mais ouverte au reste du monde, car on ne peut pas ne pas communiquer.

Et pour conclure, ma conviction : ces défis, ces enjeux de demain pourraient être relevés et maitrisés avec la mobilisation de tous les professionnels, une organisation, une méthode, une détermination sans faille.

Heureux, je serai là-bas et vous jeunes confrères, au firmament des espaces de soins les plus adaptés à notre contexte et fiers d’être des acteurs d’aide à votre prochain à besoins spécifiques.

 

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